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comprennent pas, en la magique vertu des lois sous lesquelles ils geignent.

Nous n’en sommes pas étonnés. Que les masses aient besoin de se leurrer, et qu’un leurre seul puisse les entraîner, nous le comprenons. Un passé formidable les entrave ; elles ont l’habitude de croire. L’habitude d’obéir, l’habitude d’être guidées. Elles souffrent. Le peuple est de la chair à souffrance. Il faut bien, puisque sa vie est abominablement terne, laide et douloureuse, que son imagination brode, au-dessus de l’odieuse réalité, de mirifiques chimères… Il faut bien que celui qui est trop débile pour marcher s’appuie sur un bâton.