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CARNETS

Verderevski, ancien membre du cabinet Kérenski.

En cours de voyage, G. L. a vu des queues de ménagères attendant des pommes de terre près de la gare de Minsk.

G. L. a été expulsé de Russie en même temps que le Schützbündler autrichien Hirlap, combattant de l’insurrection viennoise de 34, le philologue allemand professeur Müller, un autre Allemand, espion nazi et d’autres personnes qu’il n’a pas pu identifier.

On croyait savoir à Yaroslavl que Tolmalchev et Eysmont ont bien été exécutés. Un Eysmont fils aurait été tué à Léningrad après l’affaire Kirov.

La femme et l’enfant de G. L. sont retenus en Russie, il fait des démarches pour obtenir qu’elles puissent le rejoindre. — Il me prie de ne jamais mentionner son nom.


Léopold iii

1er février 37. — Avec Louis Rougier, dîné chez le Dr Walter Schraenen, qui est un ami du roi. Une maison sévère, presque angoissante, un jeune savant austère, sa femme, — les problèmes du cancer et ceux des procès de Moscou… W. S, fait un portrait du roi.

Très pieux, pénétré du sentiment du devoir. Scrupuleux. Deux fois, devant les crises parlementaires, menaça de former un ministère de techniciens présidé par un général. Le serment constitutionnel lui pèse — mais il le respectera.

Accablé du sentiment d’avoir été la cause involontaire de la mort de sa femme, la reine Astrid. À refusé de se remarier. S’inflige la solitude comme une expiation.

Travailleur, mène une vie triste. Rentre le soir à Laeken, voit les enfants, se met à table en tête à tête avec la reine-mère Elisabeth, qui est frêle, blême, encore belle. « Une Wittelsbach », un visage transparent aux yeux bleus, vivant dans un délire presque silencieux. À table, elle semble attendre ; il lui arrive de