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trouve dans votre livre et cela pourra vous nuire. Il y a deux mois chez la Duchesse de Broglie je me hasardai à dire cette platitude, qu’ayant vu un asile pour l’enfance j’avais été profondément triste de voir ces pauvres enfants assujettis à des mouvements automatiques, mangeant en cadence et se comportant comme de grandes personnes. J’ajoutai que c’était une pensée bien amère que sans ce régime-là, ces enfants seraient peut-être écrasés dans la rue par des voitures, brûlés vifs chez eux ou mangés par des cochons. Mme la Duchesse a compris que les asiles étaient détestables en ce qu’on empêchait les enfants de faire ce qu’ils voulaient, et que je m’affligeais de voir une institution qui avait un but moral. Voilà nos juges.

Mille amitiés.