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une spéculation en lui servant de proxénète. Il a considéré que, faire du mal à autrui ajoutant beaucoup au plaisir, une femme mariée se vendrait mieux qu’une fille. Tant il y a que Delphine a fait des vers intitulés Corinne aimée. Elle s’y compare à un soldat revenant de la bataille et regardant avec plaisir ses cicatrices sanglantes (sic). Elle parle des longs combats qu’elle aime et bref c’est, quand on le prend d’un certain côté, la plus grande saleté qu’on puisse imaginer[1].

  1. Voici ces vers :

    Oh ! combien j’ai souffert avant ces doux moments !
    Que de nuits sans sommeil, d’affreux pressentiments !
    Mais aujourd’hui mon cœur chérit ses craintes vaines,
    En le voyant sourire au récit de mes peines.
    L’obstacle est un rempart ; alors qu’on le franchit,
    De tous les maux passés le bonheur s’enrichit.
    Ainsi, le vieux soldat rentré dans sa patrie,
    Contemple avec amour sa blessure guérie,
    La montre à ses enfants comme un noble trésor,
    D’un reste de douleur aime à souffrir encor !
    Des jours de grands combats il raconte l’histoire,
    Et chaque cicatrice a son nom de victoire ;