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énormément. Je vais vous écrire une histoire bien salope qu’on m’a racontée à Madrid. La reine saxonne que Ferdinand a épousée était une princesse confite en dévotion, et si chrétiennement élevée, qu’elle ignorait jusqu’aux choses de ce monde les plus simples, et que savent en Espagne les petites filles de 8 ans. C’est un ancien usage, lorsque le roi épouse une princesse présupposée vierge, que, la princesse du sang mariée la plus proche parente du roi, ait avec la reine un entretien d’un quart d’heure pour la préparer à la cérémonie. À défaut de princesse du sang la camarera mayor est chargée de cette instruction. Or la Saxonne étant venue, la belle-sœur du roi, femme de l’infant D. Carlos, et sœur de la feue reine Marie-Isabelle, à qui la reine saxonne succédait, déclara tout net que pour rien au monde elle ne mettrait cette Allemande en état de remplacer sa sœur. D’autre part, la cama-