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qu’à faire débander les puissants. Mais vous qui êtes très susceptible d’amour, comme il appert par vos relations avec Mme Azur[1], vous êtes impardonnable d’avoir mis en lumière les vilenies cachées de cette belle illusion. J’ai reçu il y a deux jours une lettre étrange, sans orthographe et sur papier écolier. C’est une déclaration d’amour on ne peut plus passionnée, signée Célina. L’auteur dit avoir dix-huit ans, être jolie, mariée à un honnête homme mais d’un état répugnant : (vidangeur, par hasard ?) Elle me dit de me rappeler ce que je lui disais autrefois de sa beauté, et les caresses que je lui faisais en jouant avec les boucles de ses cheveux. Tout cela m’est parfaitement inconnu. Il n’y a point d’adresse. J’ai cru d’abord que c’était un hoax[2], mais tous les

  1. Alberte de Rubempré. Voir Journal de Delacroix, passim.
  2. Mystification.