Page:Sensine - Chrestomathie Poètes, Payot, 1914.djvu/757

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais ta chute égale ton essor !… Eperdu,
Roulant aux plus profond des souffrances amères,
Dans l’abîme insondable à tes pieds étendu,
Te voilà, moribond ivre encor de chimères !…
Il te restait un cri pour clamer tes misères :
Ce cri, tu l’as poussé, strident !… il s’est perdu !


Les étoiles filantes ^

Lorsque l’Eté voit sourdre au ciel ses nuits brûlantes Pleines d’yeux entr’ouverts, l’image de la mort Surgit avec l’essaim des étoiles filantes. Joyaux perdus, pleuvant d’un merveilleux trésor. En un ruissellement de muettes fusées, Elles glissent des cieux et s’éteignent dans l’air. Fragments d’étoiles d’or aux flammes épuisées. Dont la gloire agonise en un rapide éclair. Que d’éclatants pensers, splendides météores. Fugitives lueurs de mes primes aurores. Ont comme elles, hélas ! filé dans mon ciel noir ! Que de rêves a vu mourir mon désespoir. Soleils trop tôt brisés écroulés de mon âme Et sillonnant ma nuit de brusques traits de flammes ! Testament’.

Lorsque je goûterai le charme de la moi*t. Quand le philtre’éternel qui fait que Ton s’endort En mon cœur lavera l’amertume du sort,

— Vous êtes bien assez pour porter seuls ma bière, — Portez-moi, mes amis, sans pompe’* au cimetière. Prenez tout simplement le plus frêle cercueil Pour celui qui connut tout le mal de l’orgueil. De grâce, épargnez-moi les vanités du deuil ! Surtout, pas de discours sur ma couche dernière : A quoi bon tant de bruit autour de ma poussière ? » Extrait des Poèmes de la Afor/ ; ^( 1898-1905). "Extrait des Poèmes de la Mort (1898-1905). » Du grec çUt^ov, breuvage magique, spécialement pour inspirer l’amour.

  • Le mot pompe i dérivé du grec w^ief^ par le latin pompa, veut dire convoi et par

extension, appareil magnifique.