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    1. s1##Pour étudier Haïti*, consulter : Ardouin, Histoire d’Haïtij 6 vol, (1851-1865) ; La

Selve, Histoire de la littérature haïtienne (1876) ; Docteur Janvier, La République d’Haïti (1883) et Les Affaires d’Haïti (1883-1884) ; Elisée Reclus, Nouvelle Géographie Universelle, tome XVII (1892) ; Georges Sylvain, Etude historique et littéraire sur la République d’Haïti dans Les Années tendres d’Etzer Vilaire (1907) ; Duraciné Vaval, La Littérature haïtienne (1911). C. A. OSWALD DURAND

Né au Cap-Haïtien en 1840.

Professeur, journaliste, homme politique, d’une notoriété assez grande,. Oswald Durand est aussi un poète distingué, qui a eu le grand mérite de chanter son pays, tout en exprimant son âme. Ecrivain sincère et délicat, il a su rendre ses imprçssions et ses sentiments en une langue d’une élégance un peu apprêtée mais d’une indéniable noblesse. Il plait à la fois par l’élévation de sa pensée et la tenue de son style, A un autre point de vue, il est célèbre dans son pays, car il est l’auteur de la fameuse et si touchante xjomplainte en dialecte créole y intitulée Choucoufie,

• L’île entière a 77250 kilomètres carrés de superficie et une population de 1500000 habitants ; la république d’Haïti proprement dite a 28900 kil. carrés avec 1000000 d’habitants parlant le français ou un patois créole dérivé du français.. • Extrait de Rires et Pleurs (1896), Imprimerie Grété, éditeur, Corbeil. ’ Ressouvenirs, mot archaïque dérivé de l’ancien verbe remembrer <Iatin rememorare), doublet de formation populaire du verbe remémorer. • Déception, mot un peu vieilli, dérivé de décevant, décevoir (latin decip^rê).

Mes papillons

 
Adolescence aimée, aux douces remembrances,
Comme vous êtes loin ! comme vous avez fui,
Heures veuves de peine et de lentes souffrances,
Où demain apparaît aussi pur qu’aujourd’hui !
Les rimes, sous vos doigts, éclosent caressantes,
Sans souci d’avenir et sans rêves troublants.
Papillons du printemps aux ailes innocentes,
Comme vous êtes blancs !

Vient l’âge de l’amour, et l’on se sent la force
D’embrasser d’un seul coup tout l’idéal azur ;
Et la sève de vie, ainsi que de l’écorce,
Déborde de votre âme et jaillit en sang pur.
On est aimé, l’on aime ; il semble qu’on renaisse.
— Le voyez-vous passer, le poète orgueilleux ?...
Papillons de l’été, quand fleurit la jeunesse,
Comme vous êtes bleus !

Et, plus tard, on connaît la décevance amère,
Les serments oubliés, le cruel abandon.