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Avec bien des gens sur la terre ;
On a chaud en les réchauffant ;
Chacun peut trouver un enfant
Chez ceux qui cherchent une mère.

Ah ! tous ces oiseaux affamés
Accourront si vous les aimez,
Autour de vous, à tire-d’ailes,
Et s’ébattant sur vos genoux,
Vous feront un printemps plus doux
Que le printemps des hirondelles.

Et vous aurez connu l’amour
Qui dure jusqu’au dernier jour,
Qui, même après la dernière heure,
Vous retient encore ici-bas.
Dans un ciel où l’on ne meurt pas,
Dans une âme en deuil qui vous pleure.


Œuvres à lire de Marc Monnier (Saudoz et Fischbacher, éditeurs, Paris). Poésies (1871) ; Théâtre des Marionnettes (1871) ; La vie de Jésus racontée en vers français (1873) ; Traduction de Faust (1876). — Critiques à consulter : E. Tallichet, Bibliothèque universelle, t. XXVI ; Victor Cherbuliez, Préface du Théâtre des Marionnettes ; Eugène Rambert, Écrivains nationaux ; Philippe Godet, Histoire littéraire de la Suisse française ; Virgile Rossel, Histoire littéraire de la Suisse romande.



EUGÈNE RAMBERT


né à Clarens en 1830, mort à Lausanne en 1880.


L’admirable auteur des Alpes suisses, dont nous avons montré l’importance comme prosateur dans le premier volume de cet ouvrage, fut aussi un poète de valeur, une nature inspirée, qui exprima en vers de nobles sentiments et de beaux symboles. Imprégné de littérature française, Rambert doit sa forme parfois un peu laborieuse à la fois aux classiques et aux romantiques, mais par le fond il est essentiellement original. Sa poésie est nationale dans le sens élevé du mot, sans aucune des banalités provinciales qui déparent certains poètes helvétiques. Esprit vigoureux et sain, âme sensible et délicate, le peintre des Alpes représente, comme poète, ce qu’il y a de meilleur dans le caractère vaudois.


Notre Rhin[1].


Le Rhin que vous chantez dans vos vers fratricides,
Ce Rhin, fantôme impur, vieille divinité,

  1. Extrait des Poésies. Écrit en 1869. après une soirée où l’on avait lu le Rhin allemand de Becker, commençant par ces mots : Ils ne l’auront pas le Rhin allemand, et la réponse d’Alfred de Musset, qui débute par ce vers : Nous l’avons eu, votre Rhin allemand.