Dieu m’a désaveuglé et c’est là la leçon.
Il a brisé devant mes yeux, comme une épave,
Le fier et blanc vaisseau, chargé de cargaisons
De myrrhe et d’encens pur, que tu me semblait être.
Les vents de ta fureur ont séché sur ton front
L’huile sainte dont se baignent nos fronts de prêtre,
Mon Dieu !
Que si l’on te donnait du feu pour sépulture.
Jamais le souvenir de ton crime effréné
Ne calmera ces cris ; jamais prière en flamme
Ne descendra vers ton effroi.
Tu es le dernier mort, tu es la dernière âme
Pour qui, jamais, avec ferveur et foi,
Une messe sera chantée ; et cette crosse[1]
Que tu rêvas de soulever d’un poing viril,
Tiens ! Tiens !
Non comme un sceptre ardent, mais comme un bâton vil.
Frappez ! Frappez ! Frappez, mon père !
Impie ! Impie ! Impie !
Bourreau de Christ !
Voleur de repentir !
Braise d’orgueil éteint !
Bandit ! Parricide ! Sacrilège !
- ↑ Bâton pastoral, signe de la dignité abbatiale ou épiscopale.