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chrestomathie française

J’ai marché trente ans, mes sœurs,
Sans m’en rapprocher.

J’ai marché trente ans, mes sœurs,
Et mes pieds sont las,
Il était partout, mes sœurs.
Et n’existe pas…

L’heure est triste enfin, mes sœurs,
Ôtez vos sandales ;
Le soir meurt aussi, mes sœurs,
Et mon âme a mal…

Vous avez seize ans, mes sœurs.
Allez loin d’ici,
Prenez mon bourdon[1], mes sœurs,
Et cherchez aussi…



Œuvres poétiques à lire de Maeterlinck (Vanier, P. V. Stock, Paris ; Lacomblez, Bruxelles, éditeurs) : Serres chaudes (1889) ; Douze Chansons (1897) ; Serres chaudes et Quinze Chansons (1900). Pour ses œuvres en prose, voir le volume I de cette Chrestomathie. — Critiques à consulter : Edmond Pilon, Mercure de France (avril 1896) ; A. Mockel, Revue wallonne (juin 1894) et Revue encyclopédique (24 juillet 1897) ; Robert de Souza, La poésie populaire et le lyrisme sentimental (1899) ; Paul Léautaud, Poètes d’aujourd’hui (1900) ; A. Symons, The Symbolist movement in Literature (1900) ; Désiré Horrent, Les Écrivains belges d’aujourd’hui (1904) ; Jethro Bithell, Life and writings of Maurice Maeterlinck (1913).




ANDRÉ FONTAINAS

Né à Bruxelles en 1865.

Belge francisé, André Fontainas se rattache par ses thèmes et sa forme à l’école symboliste parisienne ; disciple intelligent, il a su cependant donner à ses vers un rythme original. C’est un bon poète et un pur artiste.

Les heures[2].

L’heure lassante qui pleure,
Et l’heure jeune de soleil gai,
Les heures après les heures,
Défilent lentes ou gaies,
Le long des quais.

C’est l’heure :
Voici qu’un fil, on croirait, dans la brume,

  1. Bâton de pèlerin dont le haut était en forme de gourde. Ce mot a une curieuse origine : il vient de burdonem, mulet ; les latins donnaient fréquemment aux objets de support les noms de bêtes de somme.
  2. Extrait des Crépuscules : L’Eau du fleuve (1897).