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chrestomathie française


Le satyre[1] rieur, au front large et bombé,
Charmer de ses accents les peureuses naïades[2].

Il écoute ; il sourit ; il regarde le faon
Parmi le thym rosé jouer avec les lièvres,
Et sur les rocs abrupts les sauts brusques des chèvres
Qui dansent aux sons vifs de la flûte de Pan[3].
  
Tout est splendeur et joie et parfum et lumière ;
La vie est une rose immense sous les cieux ;
Et lui, sans nul effort, enfant insoucieux,
Offre aux divinités sa floraison première.



Les Heures[4].

Sous les portiques blancs de l’Olympe neigeux,
Au seuil des augustes demeures,
Auprès des Immortels qui contemplent leurs jeux,
Veille le chœur brillant des Heures.

Elles s’offrent la main, dansent, et tour à tour,
La chevelure dénouée,
Après la sombre Nuit font resplendir le Jour,
En chassant l’épaisse nuée.

Dans une aube de gloire, en groupe vigilant,
Portant chacune un noble insigne,
Elles tiennent l’épi, l’acacia tremblant
Et le flexible cep de vigne ;

Et leur nom est celui de la jeune beauté,
De la grâce naïve et pure,
Qui, renaissant sans cesse au retour de l’été,
Pare et réjouit la nature.

Ô Filles de Thémis[5] d’où sort l’ordre divin,
Vierges de guirlandes parées,
Le feuillage et les fruits qu’allume le matin
Forment vos couronnes dorées ;

  1. Les satyres, divinités malicieuses des bois et des campagnes, représentés avec des pieds de bouc.
  2. Nymphes qui présidaient aux fontaines.
  3. Voir page 295, note 2.
  4. Extrait de La Cithare. — Les Heures, filles de Jupiter et de Thémis, étaient les divinités préposées aux portes de l’Olympe et qui étaient chargées de régler toute la vie des hommes.
  5. Fille du Ciel et de la Terre et déesse de la Justice.