Baignent de rayons mensongers
Leurs chairs de lys éclos dans l’ombre.
J’écoute, comme un vol d’oiseaux,
S’effarer leurs éclats de rire,
Et je crois voir au fond des eaux
Danser des figures de cire.
Projets de mon cerveau lassé,
Désirs aux bottes de sept lieues,
Caprices d’un soleil glacé,
Tulipes noires, roses bleues,
Ainsi vous naissez, trop petits,
Dans ce beau jardin de mensonges,
Enfants de mes fiers appétits,
Marionnettes de mes songes !
Œuvres à lire d’Albert Giraud (Lemerre, Vanier, Fischbacher, Paris, et Lacomblez, Bruxelles, éditeurs) : Pierrot lunaire (1884) ; Hors du Siècle (1888-1894) ; Les Dernières Fêtes (1891) ; Héros et Pierrots (1898) ; La Guirlande des Dieux (1910) ; La Frise empourprée (1912). — Critiques à consulter : Virgile Rossel, Histoire de la littérature française hors de France (1895) ; Georges Barral, Les Frances littéraires de l’Étranger (1900) ; Désiré Horrent, Écrivains belges d’aujourd’hui (1904).
VALÈRE GILLE
L’école parnassienne compte en Belgique plusieurs représentants distingués. Valère Gille est, à notre avis, celui qui a porté au plus haut degré
les qualités de l’école. Nourri de culture classique et avec cela très moderne, il a fait revivre les beaux mythes grecs et les grandes scènes antiques en des vers somptueux et souples, d’une belle allure artistique. Peu
de poètes ont su, comme lui, donner de l’Hellade une transposition française aussi réussie. On dirait qu’une âme grecque s’exprime dans ses vers
si lumineux et si attiques. Pour donner cette impression, il faut être un
grand artiste. Depuis nombre d’années, il fait partie de la rédaction de La Jeune Belgique, où il défend les grandes traditions françaises avec un
remarquable talent.