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d’autres. Entre ce sanscrit buddhique et les dialectes pâli-prâcrits qui nous sont littérairement connus, il y a cette différence sensible que ces derniers ont été soumis à une régularisation grammaticale dont le premier ne porte pas de traces. Que tous ces prâcrits soient devenus des langues littéraires, le fait n’est pas douteux ; il ressort avec évidence de l’emploi parallèle dans les mêmes ouvrages de dialectes qui, au point de vue de la dégénérescence phonétique, constituent des couches parfaitement distinctes. Bien des traits démontrent que ce caractère leur est essentiel, qu’il leur a appartenu dès l’origine. Pour le pâli en particulier, on a déjà signalé et il reste à signaler encore plus d’une trace de remaniements artificiels et secondaires. Partout on sent le niveau d’une régularisation générale, la mise en œuvre de principes orthographiques absolus. Mais ce n’est là, en somme, avec la langue de nos inscriptions, qu’une différence de degré. Elle n’enlève rien de leur prix aux enseignements qui se dégagent pour nous des faits et des observations qui précèdent.

Les uns ont un caractère général ; les autres sont de nature plus spéciale. Je les résume en quelques mots.

1. — En ce qui touche l’histoire linguistique de l’Inde, les témoignages épigraphiques démontrent qu’on y a pratiqué à des époques diverses une orthographe historique ; nous n’avons donc le droit de fonder a priori sur l’aspect phonétique des dialectes tel que le révèle leur orthographe consacrée, aucune conclusion relativement à leur ancienneté respective. Les formes les plus altérées qu’ils renferment témoignent, à vrai dire, au minimum de déformation où, à l’époque donnée, était parvenue la langue. Quant aux formes moins altérées, elles peuvent résulter d’une reconstitution orthographique, de cette assimilation spontanée ou réfléchie, encore que plus ou moins complète, à la langue classique, dont la langue épigraphique du temps de Kanishka nous livre un exemple positif. Au critérium ancien, il y aurait lieu bien plutôt d’en substituer un autre, et de rechercher, par