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CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

suit en deux courants parallèles, doctrine et légende.

Pour le décor légendaire, plus l’apothéose d’un maître tout humain répugne aux tendances normales du bouddhisme, plus il est naturel de penser qu’il en a reçu le germe du dehors : c’est le passé qui reparaît sous le vernis nouveau dont on a prétendu le couvrir.

Le bouddhisme n’est pas une religion naturaliste qui cristallise spontanément autour de ses croyances les mythes traditionnels. Il ne s’est pas davantage approprié capricieusement des dépouilles étrangères ; car si sa légende se meut dans le cercle des images, des noms, des notions du vishṇouïsme, si elle y trouve et si elle ne trouve que là son explication, elle ne reproduit fidèlement, elle ne calque, même pour les démarquer, aucun des récits qui en constituent le fonds propre. Elle n’en offre que des variantes, équivalentes par leur nature, par leur signification générale, très différentes par les détails. L’air de famille est évident, la filiation immédiate inadmissible, par conséquent l’emprunt accidentel exclu. Ce sont des doctrines, des tendances, des dénominations communes qui encerclent les deux traditions d’un lien qui ne saurait donc être de hasard.