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ORIGINES BOUDDHIQUES

nages humains ou réputés tels et, en tout cas, de second plan. La qualification même de Bhagavat n’est nullement, d’origine, un nom divin ; c’est la dénomination respectueuse réservée par la vieille langue au précepteur religieux. Quoique finalement promu Dieu suprême, Kṛishṇa est, d’abord, présenté sous les traits d’un héros humain ; et s’il reçoit ce titre, c’est sans doute dans son rôle de maître semi-divin, tel que, malgré son apothéose, il apparaît encore dans la Bhagavadgîtâ.

Inversement, dans le bouddhisme, le conte fait brèche aux affirmations doctrinales. Si le Bouddha n’est en bonne théorie qu’un homme, la légende constamment le transforme en un être de pouvoir surnaturel. Il est le « Mahâpurusha », un titre qui, sous une action convergente de la terminologie sâṁkhya et de la tradition védique, est fréquemment attribué à Vishṇou-Nârâyaṇa. Est-ce Kṛishṇa ou le Bouddha Gautama qui dit : « Si une feuille, une fleur, un fruit, un peu d’eau m’est offert par dévotion, je tiens pour agréable ce don de l’homme vertueux » ? Combien d’exemples dans les récits bouddhiques d’une pauvre et faible offrande qui, parce qu’elle est faite à un Bouddha, est récom-