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ORIGINES BOUDDHIQUES

sance qui est, en Inde, l’objectif commun de toutes les doctrines. Cette délivrance, le Yoga la conçoit, si je puis dire, comme une rétraction de l’âme dans son isolement éternel par où elle échappe à toute contamination du monde inférieur de la matière et de l’activité. C’est exactement l’idéal consacré par le Sâṁkhya ; la différence ne réside que dans les moyens : la connaissance pour le Sâṁkhya, pour le Yoga le dégoût des choses et l’entraînement mystique. De vieille date, en effet, les deux systèmes nous sont donnés comme ne faisant qu’un par les bases théoriques. Ils n’en sont pas moins distincts par leur inspiration première et par leurs sources. En fait, un dissentiment grave les sépare : le Yoga reconnaît et appelle l’intervention d’un dieu, pour lequel il n’est point de place dans le Sâṁkhya. C’est donc que, entre les deux, il y a une ample marge d’indépendance ; ils ont pu, ils ont dû obéir à des tendances et engager des alliances diverses. Tout le monde d’ailleurs accorde, je pense, que les textes définitifs des divers systèmes marquent pour tous le terme d’une évolution prolongée.

À envisager le Yoga dans son manuel consacré, on se persuade vite que la théorie des