Page:Senart - Origines bouddhiques.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
CONFÉRENCES AU MUSÉE GUIMET

antithèse, le Yoga a sa place marquée dans cette énumération dont je puis ici négliger les autres termes.

C’est dans les sûtras ou « Règles » de Patañjali qu’il a, — vers le IIe siècle avant notre ère, admet-on volontiers, — reçu sa forme classique. Essentiellement, le Yoga est une méthode de concentration et d’extase. Il n’en dédaigne pas les moyens physiques ; il recommande, par exemple, des manières étudiées de s’asseoir ; on en distingue parfois 84 ; mais un commentateur bien informé nous fait connaître que c’est là une réduction charitablement opérée par le dieu Śiva ; il y en avait à l’origine 8,400,000. Puis, ce sont des suppressions progressives de la respiration. On s’applique à fixer le regard avec une insistance qui mène à l’hypnose. La surenchère des maîtres successifs va multipliant, et détaillant ces exercices. Moins compliqués à l’origine, ils sont mis au service d’une morale très pure, d’un idéal de contemplation subtil, mais élevé. Le Yoga se flatte d’assurer aux adeptes d’abord des pouvoirs miraculeux variés, puis, à un degré supérieur, prix d’une indifférence parfaite à l’égard du plaisir et de la douleur, cette libération irrévocable de la renais-