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ORIGINES BOUDDHIQUES

niaque de Mṛityu identifié à Pâpman, à Vṛitra, à Namuci ? Ce qui est sûr, c’est que, sur le vieux terrain de la tradition hindoue, un pareil scénario se déduisait spontanément des tours les plus familiers. Qu’il s’agisse de justifier une pratique ou d’en exalter l’efficacité, sans cesse brâhmaṇas ou upanishads supposent entre Devas et Asuras, entre génies de la lumière et génies de la nuit, une lutte où cette pratique aurait fixé la victoire. C’est tout spécialement dans leur lutte à qui s’assurera le privilège de l’immortalité que, en souvenir du vieux mythe de la conquête de l’ambroisie, dieux et démons sont ainsi affrontés. N’est-ce pas justement pour l’immortalité que combat le Bouddha sous l’arbre de l’Intelligence ? Condensée sans doute, et comme stéréotypée, c’est une mise en scène de ce genre qui inspire la phraséologie des écoles sacerdotales ; là, comme en d’autres rencontres, la formule reflète en raccourci toute une floraison de récits bien vivants dont l’imagination populaire, — les hymnes védiques et les chants épiques en font foi, — a largement multiplié les doublets.

Tous les termes, tous les éléments, tous les ressorts de la lutte mythique, — sans parler de l’inspiration qui les a mis en jeu, — existaient