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ORIGINES BOUDDHIQUES

III

Mâra est un personnage bouddhique ; c’est dans les écritures bouddhiques que se fixe son nom. Il n’est pourtant pas inconnu de la littérature plus ancienne. Côte à côte d’ailleurs, les textes bouddhiques nomment Mṛityu. L’un et l’autre ne font qu’un ; les traits et les épithètes caractéristiques l’attestent ; on ne l’oubliait pas.

Or, Mṛityu, génie de la Mort, est familier à cette vieille tradition brâhmanique des brâhmaṇas et des upanishads que je vous rappelais tout à l’heure. Il y est armé de ces liens (pâśa) qui sont l’arme distinctive de Mâra. Comme Mâra dans le bouddhisme, il y est fréquemment qualifié de « Pâpman », le « Mal » ou « le Méchant ». Souvent « Pâpman » tout seul y équivaut à Mṛityu. Et si, à l’origine, ce « mal » a surtout visé la catastrophe physique qu’est pour l’homme la mort, il passe de bonne heure à l’acception morale : une notion de péché se lie à Mṛityu.

Du « Mṛityu-Mal » brâhmanique au « Mâra-Désir », source du Mal, des bouddhistes, la transition est à peine sensible : comme « Mâra » n’est qu’un synonyme enté sur « Mṛityu »,