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ORIGINES BOUDDHIQUES

du héros lumineux remplit les hymnes védiques et pénètre toutes les mythologies de langues indo-européennes ; sous des transformations variées, il se prolonge dans les épopées et les religions plus récentes. J’en avais dénoncé une variante dans la scène bouddhique. J’estimais, — j’estime encore, — que, sous les surcharges et à travers les incohérences d’une version rajeunie, cette origine seule rend compte de la place qu’a reçue le récit, et des bizarreries dont il faut bien que nous trouvions la clé. D’autres, au contraire, n’ont voulu voir en Mâra que le prétendu tentateur ; toute la mise en scène épique ne serait qu’un décor de fantaisie surajouté par l’imagination pieuse, jalouse d’orner et prompte à matérialiser la grandeur du Maître.

Mâra signifie le « Destructeur » ; il se rattache avec un sens causatif au verbe « mar », notre « mourir ». C’est au fond un autre nom de la Mort. Mais, chez les bouddhistes, Mâra a en même temps un autre nom encore et un autre aspect. Il s’appelle Kâma, « l’amour » ou le « désir ».

Qu’il y ait au regard des doctrines bouddhiques une convenance étroite entre les deux fonctions, c’est ce qui ne saurait vous échapper.