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mari défunt[1]. Beaucoup de castes la connaissent sous cette forme. Mais ce qui est parmi elles beaucoup plus ordinaire, c’est l’interdiction absolue du second mariage pour les veuves.

On sait combien l’hindouisme est rigoureux à l’égard des veuves. On se souvient de la peine qu’a eue l’administration anglaise à supprimer l’usage barbare qui condamnait la femme survivante à suivre son mari sur le bûcher. La coutume qui encourageait par tous les moyens, si elle ne l’exigeait pas expressément, un pareil sacrifice ne pouvait pas être tendre aux secondes noces pour les femmes. Si la condamnation n’en remonte pas aux périodes primitives, elle est à coup sûr fort ancienne : la tradition littéraire en fait foi. Elle a pris une singulière autorité dans l’Inde toute entière. Il s’en faut, et de beaucoup, que la prohibition soit universelle ; elle est générale dans les hautes castes[2]. Propagée, semble-t-il, avec ardeur par l’exemple et le conseil des brâhmanes, elle est devenue comme une pierre de touche pour le niveau social des castes ; celles qui la mettent en pratique sont seules estimées.

  1. Cf. Henry Maine, Hindu Law and Usage, p. 62 suiv. ; Grant, Central Prov. Gazetteer, p. 276-7 ; V. N. Mandlik, p. 443 ; Lyall, Berar Gaz., p. 188 ; Risley, Ethnogr. Gloss., p. LXXIV.
  2. H. Mayne, p. 84-5.