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N’est-ce pas la même préoccupation qui inspire d’autres différences singulières que fait la superstition entre le grain préparé à sec ou mélangé de liquide ? Autre exemple significatif. Au Penjab, les Hindous acceptent bien du lait pur de la tribu musulmane des Ghosis[1] ; ils le repousseraient avec horreur s’ils avaient quelque raison de craindre qu’il eût été mélangé d’eau. Il est vrai que des mobiles plus ou moins obscurs, peut-être de simples nécessités pratiques, ont dans plus d’un cas détendu la règle. Tout le monde accepte de l’eau au Penjab des mains de la caste très basse des Jhimvars[2] ; mais c’est une tribu qui fournit surtout des serviteurs domestiques. Dans beaucoup de villages[3] le potier peut distribuer de l’eau à tout le monde ; c’est du moins à la condition qu’un vase spécial soit réservé à chaque caste. Dans des repas communs de villages[4], toutes les castes se retrouvent ; encore chacune mange-t-elle séparément. Ces accommodemens mêmes prouvent la vitalité du principe. Il se rattache étroitement à des préoccupations de pureté extérieure.

  1. lbbetson, § 497.
  2. Ibbetson, § 617.
  3. Bombay Gazetteer, II, p. 383.
  4. Ibid., p. 382.