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Jat, d’un Goûjar ou d’un Ror. À l’exception des brâhmanes et des Tagas, toutes les castes, dans un vase de métal préalablement écuré avec de la terre, accepteront l’eau des mêmes gens avec lesquels ils mangeraient du pakkî rôtî ; mais ils ne boiront dans un vase de terre qu’avec ceux dont ils pourraient manger le kacchî rôtî. Jats, Goûjars, Rors, Kahbâris, Ahîrs, mangent en commun sans aucun scrupule. Ils accepteront le pain pakkî d’un orfèvre, mais pas dans sa maison... Un musulman mangera et boira de la main d’un Hindou, mais un Hindou ne touchera ni pakkî ni kacchî d’un musulman, et souvent il jettera sa nourriture si seulement l’ombre d’un musulman vient à s’y projeter... Le sucre et presque tous les gâteaux peuvent s’accepter à peu près de toutes les mains, fût-ce d’un homme qui travaille le cuir, ou d’un balayeur ; mais, dans ce cas, il faut qu’ils soient entiers et non divisés. » Ce détail suffira, je pense, à titre d’exemple ; on m’excusera, on me bénira, de ne pas aspirer à être complet.

Un seul trait, pour montrer en quelles bizarreries se peut égarer ce point d’honneur de délicatesse. On cite deux castes très méprisées du Penjab, les Choûhras et les Dhânaks, qui refusent de manger réciproquement leurs restes, quoiqu’ils acceptent ceux de toutes les autres castes,