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fortune pour constituer des castes nouvelles. Et de fait, on comprend que, dans le jeu normal de tous ces corps fermés, il n’y ait pas pour l’individu isolé de vie possible. Le Paria sur lequel, depuis Bernardin de Saint-Pierre, les âmes sensibles se sont attendries, n’est pas l’être esseulé et proscrit que l’on se figure. Le groupe auquel il appartient peut être très misérable, très méprisé ; encore appartient-il à un groupe. Il y a des castes de Parias qui, malgré tout le dédain des brahmanes, ne se font pas faute d’avoir leurs prétentions : elles trouvent des voisines à dédaigner.

C’est dire combien fourmillent ces groupes de populations, castes ou tribus analogues à la caste. C’est par centaines qu’ils se comptent dans une province. J’en relève plus de cent vingt dans le seul district de Poona qui compte environ 900 000 habitants. Encore ce chiffre ne donne-t-il qu’une idée imparfaite du morcellement réel. Il représente le nombre des castes proprement dites ; mais la plupart se partagent en subdivisions qui, malgré la communauté du nom générique, malgré l’analogie des usages et des coutumes, forment à plusieurs égards, notamment du point de vue du mariage, autant de castes distinctes. Dans ce même district de Poona, les Brâhmanes que,