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occupations. Si les principes anciens de la vie familiale se perpétuent, les facteurs de groupemens se diversifient : fonction, religion, voisinage, d’autres encore, à côté du principe primitif de la consanguinité dont ils prennent plus ou moins le masque. Les groupes s’acroissent et s’entre-croisent. Sous la double action de leurs traditions propres et des idées qu’elles empruntent à la civilisation âryenne, les tribus aborigènes elles-mêmes, au fur et à mesure qu’elles renoncent à une vie isolée et sauvage, accélèrent l’afflux des sectionnemens nouveaux. La caste existe dès lors. On voit comment elle s’est, dans ses diverses dégradations, substituée lentement au régime familial dont elle est l’héritière.

Un pouvoir politique eût pu subordonner ces organismes aux ressorts d’un système régulier. Nulle constitution politique ne se dégage. L’idée même n’en naît pas. Comment s’en étonner ? La puissance sacerdotale n’y peut être favorable, car elle en serait diminuée ; or son action est très forte et très soutenue ; elle paralyse même dans l’aristocratie militaire l’exercice du pouvoir. Le relief du pays ne constitue pas de noyaux naturels de concentration ; toute limite est ici flottante. La vie pastorale a longtemps maintenu un esprit de tradition sévère ; aucun goût vif de l’ac-