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bien des noms professionnels : soldats, chevriers, artisans[1]. Ce ne sont assurément pas des castes. L’exemple prouve au moins que la tradition âryenne pouvait, sous l’empire d’une situation favorable, incliner vers la caste. L’enseignement est bon à retenir.

Un fait social qui domine un pays immense, qui s’enchevêtre dans tout son passé, a nécessairement plus d’une cause. À l’enfermer dans une déduction unique, trop précise, on s’égare à coup sûr. Des courans si puissans sont faits d’affluens nombreux. L’explication vraie doit, j’en suis convaincu, faire sa part à chacun des agens qu’on a tour à tour poussés au premier plan, dans un esprit trop systématique et trop exclusif. Il est bien d’autres pays où une race immigrante s’est trouvée juxtaposée à des occupans qu’elle a vaincus et dépossédés, et cette situation n’y a pas fait naître la caste. D’autres populations ont connu de fortes distinctions de classes, et la caste leur est demeurée étrangère. La théocratie s’accommode d’autres cadres. Il faut donc que le régime résulte dans l’Inde de l’action combinée de plusieurs facteurs. J’espère avoir discerné les principaux.

  1. Schömann, Griech. Alterth., éd. 1861, I, p. 327 suiv.