Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en fut certainement familier à la race âryenne comme à d’autres. Au témoignage de Plutarque[1], les Romains, dans la période ancienne, n’épousaient jamais de femmes de leur sang. Parmi les matrones qui nous sont connues, on a remarqué que, en effet, aucune ne porte le même nom gentilice que son mari. Le gotra est proprement brâhmanique ; son rôle est certainement ancien. La règle exogamique plonge, à n’en pas douter, dans le passé le plus reculé des immigrans. Elle est si bien primitive, sous cette forme du gotra, qu’elle est antérieure à la caste ; elle en déborde le cadre ; les mêmes gotras traversent une foule de castes diverses. Le régime de la caste s’y est donc surajouté. Les deux institutions se sont fondues tant bien que mal, elles ne sont pas nécessairement liées. C’est exactement ce qui se passa à Athènes quand l’établissement des « dèmes » assigna à des districts différens des familles qui appartenaient à une gens, à un γένος (genos) unique.

C’est la loi endogamique qui nous frappe le plus, la loi qui n’autorise d’union qu’entre fiancés de même caste. Elle n’est guère moins répandue que la loi exogamique dans les phases primitives des sociétés humaines. Elle n’a pas seulement,

  1. Cf. Kovalevsky, Famille et Propriété primitives, p. 19 suiv.