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ques ; mais des faits si universels cessent d’être significatifs.

Les théories trop timides qui n’osent s’émanciper de la tradition hindoue restent impuissantes ; il ne faut pas moins se garder des théories trop vagues, trop compréhensives. Si la communauté d’occupation suffisait à fonder le régime des castes, il devrait régner dans bien d’autres pays que l’Inde. L’objection saute aux yeux. Elle ne condamne pas moins le système qui se contente, sans enchaînement historique, sans détermination précise, de signaler les lois de la caste comme une survivance de l’antique organisation de la tribu ou du clan.

Se réfère-t-on aux traits généraux d’une organisation si naturelle aux périodes archaïques de la sociabilité humaine qu’elle se retrouve chez les races les plus diverses ? On reste dans le vague ; on ne démontre rien. Si l’on songe uniquement ou même principalement à l’organisation des tribus aborigènes de l’Inde, si l’on admet qu’elle ait réagi avec une force si décisive sur la constitution générale du monde hindou, qu’une classe ambitieuse de prêtres s’en soit emparée, en ait fait une arme de combat, on retourne le courant probable de l’histoire, on prête à des mobiles trop minces une puissance dispro-