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l’ambition brahmanique en ait tiré parti pour mieux asseoir sa domination, c’est possible. Ce n’est pas évident. Une théocratie n’a pas pour base nécessaire un régime de castes. Si la théorie a confondu les deux ordres d’idées, c’est un fait secondaire : nous l’avons vu par la critique même de la tradition. Pour comprendre le développement historique, il les faut distinguer soigneusement, sauf à s’enquérir comment les deux notions ont pu finalement se solidariser. La spéculation sacerdotale a interposé entre les faits et notre regard un système artificiel. Gardons-nous de prendre pour le spectacle le rideau qui nous le dérobe.

Il peut paraître très simple de dériver, à la façon brahmanique, un nombre infini de groupes du fractionnement successif de larges catégories primitives. Comment ne pas voir que ce morcellement s’inspire d’intérêts et de penchans directement opposés à l’esprit de classe, qui devrait bien plutôt resserrer sans cesse le faisceau ? Soumise à des principes d’unification variables, géographiques, professionnels, sectaires, etc., la caste se montre invariablement insensible aux considérations d’ordre général. L’esprit de classe ne rend compte d’aucune des particularités, d’aucun des scrupules qui font l’originalité de la