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à rapprocher les deux séries ; j’admets volontiers qu’elles ont, entre elles, plus qu’une ressemblance extérieure, une affinité intime ; mais, malgré la fusion qui s’est opérée dans l’Inde entre ce quadruple fractionnement et le système des castes, rien ne prouve que la connexilé soit originelle, nécessaire, qu’ils s’emportent l’un l’autre.

Je dois m’en expliquer.

La doctrine officielle n’admet que quatre castes ; la réalité fait éclater ce cadre trop étroit : elle en montre un nombre infini. Et c’est là que réside, entre la théorie et les faits, une opposition capitale, la seule à vrai dire, qui ne soit pas aisément réductible. Peut-on arguer de la différence des temps ? Mais la théorie, nous venons de le voir, par plus d’un indice, par les contradictions mêmes où elle s’engage, constate et avoue que, de vieille date, les castes ont été bien autrement nombreuses qu’elle ne paraît d’abord le supposer. J’ai dit combien il est douteux qu’une caste de Kshatriyas et de Vaiçyas ait jamais réellement existé. On sent de reste combien des catégories si vastes sont peu compatibles avec les règles mêmes, avec cet exclusivisme jaloux, cette organisation corporative et autonome qui caractérisent la caste vivante.

Les millions d’hommes qui dans l’Inde revendi-