Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/166

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Si les règles souffrent de nombreux tempéramens, cela n’implique nullement qu’elles soient en voie de formation. De nos jours encore, si nous prétendions réduire la coutume en formules générales, nous serions amenés à une foule de réserves pareilles. Sachons démêler le sens de ces incertitudes, de ces contradictions. Elles relèvent, suivant les cas, d’explications diverses.

À prendre à la lettre certains passages, il semblerait que la dignité de brâhmane fût alors le prix du savoir et de la vertu, plus que le privilège du sang[1]. Mais une expérience que vérifie toute la littérature postérieure nous enseigne ce que signifie ce langage : ce n’est rien qu’un détour pour glorifier la vertu et le savoir supposés des prêtres ; il n’emporte en aucune façon l’oubli des droits que crée seule la naissance. Il se pourrait, en un sens, justifier littéralement : la négligence des obligations religieuses, dont l’ignorance ou le vice peuvent devenir la source, suffit à faire déchoir de la caste.

Si, pour les brâhmanes, les expiations sont ici rendues, en nombre de cas, singulièrement douces, faut-il en conclure qu’on n’attachait que peu de prix aux prérogatives dont elles étaient desti-

  1. Weber, loc. laud., p. 70-1.