Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme les Jainas[1], des musulmans même, continuent de témoigner aux brâhmanes une déférence prosternée ; elles veulent des brâhmanes pour prêtres de leur culte. À plus forte raison la prérogative brâhmanique plane-t-elle au-dessus des conflits sectaires entre Vishnouïtes et Çivaïtes. Les brâhmanes affectent volontiers de se montrer dédaigneux de ces divisions[2].

Parmi tant de complications confuses, il n’est pas aisé d’orienter rapidement et de haut les yeux qu’une expérience continue n’a pas préparés à ces rectifications spontanées telles qu’en comporte toute vue perspective. Cette esquisse est destinée à vieillir rapidement ; peut-être la situation qu’elle résume a-t-elle, dans les derniers temps, subi plus d’une atteinte. Si puissante que soit la force de conservation et d’inertie propre à l’Orient, l’organisation traditionnelle est attaquée par l’influence occidentale, par les notions, par les habitudes qu’elle patronne. Dans le choix de ses auxiliaires de tout genre, le gouvernement anglo-indien ne tient aucun compte de la caste ni de ses préjugés ; il ne s’inspire que des titres personnels. Armée et administration rapprochent des gens de toutes classes dans une intimité qui eut paru na-

  1. lbbetson, p. 112.
  2. Dubois, I, p. 160.