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C’est l’ensemble de ces règles, souvent si minutieuses, qui dessine la physionomie propre de chaque caste. Chacune en effet a un sentiment de sa cohésion qui fait sa durée et sa force. Il se personnifie quelquefois dans un culte spécial rendu à quelque patron divin ou légendaire[1] : Gitragupta, le greffier infernal, pour les scribes ; Lai Guru ou Lai Beg pour les balayeurs[2], pour les forgerons[3] ; Râja Kidar pour certains pêcheurs, etc. On pourrait ailleurs citer, à défaut de protecteurs aussi spéciaux, des divinités qui, quoique appartenant au Panthéon commun, reçoivent de telle ou telle classe un culte de prédilection. Les traces d’un culte ancestral proprement dit paraissent rares. On a eu raison de le faire remarquer[4]. On a eu tort d’édifier sur ce fait des conclusions positives. Car, là où nous avons des renseignemens un peu circonstanciés, nous trouvons que presque toutes les castes possèdent, sur leur origine, sur leurs migrations, des souvenirs ou des légendes[5] qui supposent, de sa cohésion généalogique, un sentiment aussi net que pourrait le révéler l’in-

  1. Nesfield, § 162, 101.
  2. Ibid. § 94.
  3. Ibid. § 162.
  4. Ibid. § 101.
  5. On trouvera nombre d’exemples dans le Poona Gazetteer.