Page:Senart - Les Castes dans l Inde les faits et le système.djvu/101

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aujourd’hui en bonne justice être réservée tout au plus à quelques castes de brâhmanes. Bien d’autres se la sont appropriée, comme la consécration souveraine de leurs prétentions sociales. Non seulement tous les brâhmanes, même les plus déchus, les moins fondés à se prévaloir d’une imaginaire pureté de race, non seulement les classes mercantiles qui affectent d’être les héritières des Vaiçyas de la tradition, mais plus bas encore, les Kâyasthas du Bengale ont revêtu le cordon sacré[1]. Il a été usurpé même par des classes très humbles, comme les Soûds du Penjab[2], que cette prétention n’empêche ni de manger de la viande ni de boire des liqueurs ni d’autoriser le mariage des veuves. En général, il y a incompatibilité entre cet extrême relâchement et le port du cordon[3]. Mais il faut ici encore s’attendre à toutes les irrégularités. Je relève par exemple, au Penjab, la caste des Kanets, caste assez basse, dont une division porte le cordon, tandis que l’autre ne s’en revêt pas. Partout où l’usage s’en est propagé, il est sévèrement maintenu, il constitue un des privilèges saillans, une des règles les plus exactement surveillées.

  1. Calc. Review, oct. 1880, p. 279.
  2. Ibbetson, § 537.
  3. H. Mayne, op laud., p. 84, 85.