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quer le point fixe au-dessous duquel il me paraît impossible de descendre. Je ne voudrais pas compromettre par d’apparentes témérités des observations que je crois inattaquables. Elles feront comprendre pourquoi, dans mon esprit, les analyses suivantes se rapportent, non pas à une certaine forme dérivée et sectaire du buddhisme, mais au buddhisme tout entier et à la phase ancienne de son développement.


J’ai peu de chose à dire du plan que je me suis tracé. D’une façon générale, je me suis efforcé de faire suivre au lecteur le chemin que j’ai suivi moi-même en reconnaissant pas à pas le vrai caractère et les attaches véritables de la légende. J’aborde le sujet en quelque sorte par ses côtés extérieurs ; j’examine en premier lieu le titre et la fonction de Cakravartin et de Purusha, titre et fonction qui se sont fondus dans la personne du Buddha. Fort des premiers résultats obtenus, je passe à l’histoire propre de Çâkyamuni, en m’attachant moins à l’ordre chronologique qu’au groupement des traditions du même ordre. J’ai cru devoir, dans un dernier chapitre, faire ressortir combien l’entourage de symboles que les monuments littéraires et surtout les monuments figurés réunissent autour du Buddha, ajoute de force aux conclusions tirées de la légende, combien il s’accorde avec elles dans la couleur qu’il prête à la tradition buddhique.

Les commencements du buddhisme ont donné lieu à des spéculations fort aventureuses. C’est particulièrement dans ces emblèmes qu’elles ont pris leur point de départ. On a mis en jeu, pour les expliquer, une foule d’influences « aborigènes, » « touraniennes, » « scythiques, » plus invraisemblables les unes que les autres.