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de toutes les sources, l’authenticité soit de certains épisodes, soit plus encore de certains traits, conservés isolément par une autorité unique ou par des autorités dont l’âge est mal déterminé. Il suffit que ces traits, ces épisodes, révèlent, grâce à quelque rapprochement décisif, une convenance entière ou une parenté certaine avec le même cycle d’où sortent les particularités qui sont communes à toutes les traditions.

Les récits de Buddhaghosba, du Lalita Vistara, remplissent en général ces conditions. Je dis « en général ; » car on y peut citer et j’y relèverai moi-même tel fragment pénétré d’intentions spéculatives particulières[1], folle amplification dont rien ne démontre l’ancienneté, dont quoique élément suspect démontre même l’incorporation secondaire. Le fait n’a rien d’étonnant dans un livre comme le Lalita Vistara, ouvert à des interpolations faciles et dont la rédaction écrite n’est rien moins que fixée chronologiquement. Mais pour toutes les traditions qui ne prêtent à aucune objection directe, contre lesquelles le témoignage d’autres écrits canoniques ne soulève pas de difficulté positive, ils méritent d’être considérés comme la source principale, la plus abondante mais aussi la plus fidèle en somme aux origines, parmi celles que nous possédons. Je ne voudrais être accusé ni de négliger ni de déprécier de parti pris la tradition méridionale. Je n’ai en vue ici

  1. Je n’ai pas besoin d’affirmer que je distingue entre la légende et la doctrine, et que je suis très éloigné de revendiquer pour toutes les théories qui se manifestent dans le Lalita Visiara la même autorité que j’attribue à ses souvenirs légendaires. Les deux questions sont absolument distinctes. Il va également sans dire que je n’ai en vue que le fond des récits, non la forme qu’ils révèlent dans le détail, ni la langue dans laquelle ils nous sont présentés.