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phant[1]. Le même monument démontre par vingt exemples, figures et inscriptions, que le rôle de l’arbre et de la roue dans la légende avait dès lors acquis son entier développement. Dès lors les Buddhas antérieurs tiennent leur rang dans le culte ; la légende typique est donc déjà établie. Comment en être surpris, lorsque l’on constate que les Jâtakas étaient dès cette époque en possession de toute leur popularité ? Nombre de scènes témoignent que, au temps où remontent les sculptures de Bharhut, on avait déjà transporté expressément au Buddha une foule de ces contes populaires indifférents et dispersés. Il fallait que, dès ce moment, la couleur légendaire eût bien envahi les traditions relatives à Çâkyamuni, puisque les mêmes reliefs nous le font voir[2] allant évangéliser les cieux et descendant du séjour des Trâyastriṁças sur l’échelle de Sâṁkâçya.

Si la tradition recueillie pas à pas par les pèlerins chinois a quelque authenticité, et je ne vois de le nier aucune raison décisive, nous aurions un témoignage encore plus étendu dans les stupas construits par Açoka à la trace de la légende[3]. La description du Mahâstûpa élevé à Ceylan moins d’un siècle plus tard, telle que nous l’a conservée le Mahâvaṁsa[4] ne laisse pas non plus d’être caractéristique.

Une dernière considération est décisive. On sait en combien d’écoles le buddhisme s’est divisé. Entre tant de sectes séparées de bonne heure, entre tant de livres dont la rédaction définitive appartient à des milieux et à des âges si différents, entre tant de monuments éche-

  1. Cunningham, The Stûpa of Bharhut, pl. XIII.
  2. The Stûpa of Bharhut, pl. XVII.
  3. Burnouf, Introduction, p. 382, et les pèlerins chinois, passim.
  4. P. 170 et suiv.