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rée de certaincs inventions fantaisistes ; elle est essentiellement la glorification épique d’un certain type mythologique et divin que les respects populaires ont pu fixer comme une auréole sur la tête d’un fondateur de secte parfaitement humain, parfaitement réel.

Telles sont en raccourci les deux séries de faits que je me crois en état de démontrer.


Quant à la méthode, elle est tout indiquée ; ce ne peut être que la méthode comparative, avec toute l’autorité et toute la rigueur qu’elle emprunte tour à tour soit à l’évidence immédiate des rapprochements, soit à la singularité exceptionnelle des traditions.

Appliquée à la légende religieuse, la méthode comparative admet deux degrés. Le terrain que je viens de circonscrire appartient à la mythologie historique. Il confine au domaine propre de la mythologie comparée, mais sans se confondre avec lui. Il en est de la mythologie comme de la linguistique : grammaire comparée et grammaire historique sont des termes distincts, encore qu’ils désignent des recherches limitrophes et qu’ils impliquent des procédés essentiellement semblables. La mythologie comparée franchit les bornes d’un pays déterminé, elle brise les barrières de l’histoire et rapproche les traditions de peuples divers ; par delà les monuments littéraires, par delà toute tradition, elle cherche l’origine et la signification primitive des légendes ou des symboles. Élaborée par des mains savantes et industrieuses, elle exerce dès longtemps sur les esprits une vive séduction. Quelques témérités, une certaine infatuation l’ont parfois un peu compromise. Je suis de ceux qui la souhaiteraient dans quelques rencontres plus méthodique et moins entreprenante ; il