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des livres réputés canoniques, comme le Lalita Vistara. Ils sont étroitement reliés entre eux. Si l’on y ajoute la mort et les funérailles du Saint, qui en forment le dénouement nécessaire, ils correspondent aux douze chefs entre lesquels il est d’usage, parmi les buddhistes, de répartir son histoire[1].

Nous avons donc le droit de considérer ce cycle isolément. On peut s’en convaincre encore par le précédent de Buddhaghosha, le fameux docteur méridional. Dans son commentaire du Buddhavaṁsa[2], il partage en trois séries toutes les traditions relatives au Buddha[3] : le Dûrenidâna s’étend depuis le moment où le futur Çâkya reçoit de Dîpaṁkara la première promesse de sa grandeur à venir, jusqu’à sa dernière renaissance dans le ciel des Tushitas ; l’Avidûrenidâna embrasse la vie du Docteur depuis sa descente du ciel jusqu’à son élévation à la dignité de Buddha parfaitement accompli ; le Santikenidâna enfin contient des relations connue celle-ci : « À telle époque Bhagavat séjourne à Çrâvasti, dans le vihâra du Jetavana, etc. ; » il comprend toute la partie ultérieure de la vie de Çâkya jusqu’à sa mort.

C’est de l’Avidûrenidâna, pour emprunter la terminologie scolastique, que j’ai dessein de m’occuper ici spécialement ; c’est cet ensemble de récits que je comprends sous la dénomination de Légende du Buddha, parce qu’ils constituent la légende invariable, la carrière obligatoire de tout Buddha. La tradition, on vient de le voir, a conservé quelques traces du caractère particulier de ce groupe. L’analyse directe des faits montrera à quel point

  1. Lal. Vist. p. 41 ; Köppen, Die Relig. des Buddha, I, 74.
  2. Traduit par Turnour, Journ. Asiat, Soc. of Beng. 1838, p. 792.
  3. De même l’Introduction du commentaire du Jâtaka (éd. Fausböll, I, 2 et suiv.) ; cette division en forme le cadre.