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autrefois : La convenance des diverses parties d’une chose avec leur destination commune, selon les moyens les plus féconds à la fois et les plus simples. Ce qui se rapproche du sentiment de Crouzas, à l’assaisonnement près. Il compte cinq caractères du beau ; et il définit ainsi la proportion qui en est un, l’unité assaisonnée de variété, de régularité et d’ordre dans chaque partie.

Si la chose bien ordonnée, analogue à nous et dans laquelle nous trouvons de la beauté, nous paraît supérieure ou égale à ce que nous contenons en nous, nous la disons belle. Si elle nous paraît inférieure, nous la disons jolie. Si ses analogies avec nous sont relatives à des choses de peu d’importance, mais qui servent directement à nos habitudes et à nos désirs présents, nous la disons agréable. Quand elle suit les convenances de notre âme, en animant, en étendant notre pensée, en généralisant, en exaltant nos affections, en nous montrant dans les choses extérieures des analogies grandes ou nouvelles, qui nous donnent le sentiment d’un ordre universel, d’une fin commune à beaucoup d’êtres, nous la disons sublime.

La perception des rapports ordonnés produit l’idée de la beauté, et l’extension de l’âme, occasionnée par leur analogie avec notre nature, en est le sentiment.

Quand les rapports indiqués ont quelque chose de vague et d’immense, quand l’on sent bien mieux qu’on ne voit leurs convenances avec nous et avec une partie de la nature, il en résulte un sentiment délicieux, plein d’espoir et d’illusions, une jouissance indéfinie qui promet des jouissances sans bornes : voilà le genre de beauté qui charme, qui entraîne. Le joli amuse la pensée, le beau soutient l’âme, le sublime l’étonne ou l’exalte ; mais ce qui séduit et passionne les cœurs, ce sont des beautés plus vagues et plus étendues encore, peu connues, jamais expliquées, mystérieuses et ineffables.