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n’est pas belle sans ensemble ; elle n’est pas une chose, mais un assemblage de choses qui pourront produire l’unité et la beauté, lorsque, unies à ce qui leur manque encore, elles formeront un tout. Jusque-là, ce sont des matériaux : leur réunion n’opère point de beauté, quoiqu’ils puissent être beaux en particulier, comme ces composés individuels, entiers et complets peut-être, mais dont l’assemblage encore informe n’est pas un ouvrage : ainsi une compilation des plus belles pensées morales éparses et sans liaison ne forme point un traité de morale.

Dès que cet ensemble plus ou moins composé, mais pourtant un et complet, a des analogies sensibles avec la nature de l’homme, il lui est utile, directement ou indirectement. Il peut servir à ses besoins, ou du moins étendre ses connaissances ; il peut être pour lui un moyen nouveau, ou l’occasion d’une industrie nouvelle ; il peut ajouter à son être, et plaire à son esprit inquiet, à son avidité.

La chose est plus belle, il y a vraiment unité, lorsque les rapports perçus sont exacts, lorsqu’ils concourent à un centre commun ; et, s’il n’y a précisément que ce qu’il faut pour coopérer à ce résultat, la beauté est plus grande, il y a simplicité. Toute qualité est altérée par le mélange d’une qualité étrangère : lorsqu’il n’y a point de mélange, la chose est plus exacte, plus symétrique, plus simple, plus une, plus belle ; elle est parfaite.

La notion d’utilité entre principalement de deux manières dans celle de la beauté. D’abord l’utilité de chaque partie pour leur fin commune ; puis l’utilité du tout pour nous qui avons des analogies avec ce tout.

On lit dans la Philosophie de la nature : Il me semble que le philosophe peut définir la beauté, l’accord expressif d’un tout avec ses parties.

J’ai trouvé, dans une note, que vous l’aviez ainsi définie