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les principes de conduite. Il n’importe même que le but se présente seulement comme vraisemblable, s’il est unique. Affermis en un sens, n’attendons pas d’autres clartés ; nous pouvons marcher dans les sentiers peu connus. Ainsi tout se décide. Je suis ce que j’étais : si je le veux, je serai ce que je pouvais être. Certainement c’est peu de chose ; mais enfin ne descendons plus au-dessous de nous-mêmes.




30 juin.

Je vous écris longuement. Je dis en beaucoup de paroles ce que j’aurais pu vous apprendre en trois lignes ; mais c’était ma manière, et d’ailleurs j’ai du loisir. Rien ne m’occupe, rien ne m’attache ; je me sens encore suspendu dans le vide. Il me faut, je pense, un jour de plus, un seul. Cela finira, puisque je l’ai résolu ; mais à présent tout me semble attristé. Je ne suis pas indécis, mais ému jusqu’à une sorte de stupeur et de lassitude. Je continue ma lettre pour m’appuyer sur vous.



Je restai seul quelque temps encore. Déjà j’étais moins étranger à la tranquille harmonie de la nature. Je rentrai pendant le souper, avant que les chants cessassent.

Désormais n’attendez plus de moi ni une paresse inexcusable, ni l’ancienne irrésolution. La santé et l’aisance sont des facilités qu’on ne réunit pas toujours : je les possède, et j’en ferai usage. Que cette déclaration devienne ma règle. Si je parle aux hommes de leur faiblesse volontaire, ne convient-il pas que je ne m’en permette aucune ? Vous savez que jadis j’ai eu, dans mes vains projets, quelques velléités africaines. Mais, à cette épo-