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SUPPLÉMENT[1]


 

LETTRE XC.

Imenstròm, 28 juin, X.

La sœur de Fonsalbe est ici. Elle est venue sans être attendue, et dans le dessein de rester seulement quelques jours avec son frère.

Vous la trouveriez à présent aussi aimable, aussi remarquable, et plus peut-être qu’elle ne le fut jamais. Cette apparition inopinée, le changement des temps, d’ineffaçables souvenirs, les lieux, la saison, tout semblait d’accord. Et il faut vous dire que, s’il peut être une beauté plus accomplie aux yeux d’un artiste, aucune ne réunirait davantage ce qui fait généralement pour moi le charme des femmes.

Nous ne pouvions ici la recevoir comme vous l’eussiez fait à Bordeaux ; mais, au pied de nos montagnes, il nous restait à nous arranger selon la circonstance. On devait faucher deux prés, le soir, jusqu’à une heure assez avancée, puis, de grand matin, pour éviter entièrement l’ardeur du jour. J’avais déjà eu le projet de donner, dans

  1. Ce qui le compose n’a été recueilli que vers l’année 1833, époque de la seconde édition, ou depuis.