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le bonheur vînt maintenant, qu’en ferait-elle ? il n’est plus temps.

Que lui reste-t-il ? Que nous restera-t-il dans cet abandon de la vie, seule destinée qui nous soit commune ? Quand tout échappe jusqu’aux rêves de nos désirs ; quand le songe de l’aimable et de l’honnête vieillit lui-même dans notre pensée incertaine ; quand l’harmonie, dans sa grâce idéale, descend des lieux célestes, s’approche de la terre, et se trouve enveloppée de brumes, de ténèbres ; quand rien ne subsiste de nos besoins, de nos affections, de nos espérances ; quand nous passons nous-mêmes avec la fuite invariable des choses, et dans l’inévitable instabilité du monde ! mes amis, mes seuls amis, elle que j’ai perdue, vous qui vivez loin de moi, vous qui seuls me donnez encore le sentiment de la vie ! que nous restera-t-il, et que sommes-nous (N) ?