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LETTRE LXXVI.

2 juillet, IX.

Hantz avait raison, il restera avec moi. Il a un frère qui était fontainier à six lieues d’ici.

J’avais beaucoup de tuyaux à poser, je l’ai fait venir. Il m’a plu ; c’est un homme discret et honnête. Il est simple, et il a une sorte d’assurance, telle que la doivent donner quelques moyens naturels, et la conscience d’une droiture inaltérable. Sans être très-robuste, il est bon travailleur ; il fait bien et avec exactitude. Il n’a été avec moi ni gêné ni empressé, ni bas ni familier. Alors j’allai moi-même dans son village pour savoir ce qu’on y pensait de lui ; j’y vis même sa femme. À mon retour, je lui fis établir une fontaine dans un endroit où il ne concevait guère que j’en pusse faire quelque usage. Ensuite, pendant qu’il achevait les autres travaux, on éleva auprès de cette fontaine une petite maison de paysan, à la manière du pays, contenant sous un même toit plusieurs chambres, la cuisine, la grange et l’étable : tout cela suffisant seulement pour un petit ménage, et pour hiverner deux vaches. Vous voyez que les voilà installés, lui et sa femme : il a le terrain nécessaire et quelques autres choses. À présent, les tuyaux peuvent manquer, j’ai un fontainier qui ne me manquera pas. En vingt jours sa maison a été prête : c’est un des avantages de ce genre de constructions ; quand on a les matériaux, dix hommes peuvent en élever une semblable en deux semaines, et l’on n’a pas besoin d’attendre que les plâtres soient ressuyés.

Le vingtième jour tout était prêt. Le soir était beau, je le fis avertir de quitter l’ouvrage un peu plus tôt, et, le menant là, je lui dis : Cette maison, cette provision de