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concept, de tout projet, de tout achèvement, de la perfection, de l’ensemble. Ainsi tout nombre complexe est un, ainsi toute perception est une, ainsi l’univers est un.

Un est aux nombres engendrés comme le rouge est aux couleurs, ou Adam aux générations humaines. Adam était le premier, et le mot Adam signifie rouge. C’est ce qui fait que la matière du Grand-Œuvre doit se nommer Adam lorsqu’elle est poussée au rouge, parce que la quintessence rouge de l’univers est comme Adam qu’Adouaï forma de quintessence.

Pythagore a dit : Cultivez assidûment la science des nombres ; nos vices et nos crimes ne sont que des erreurs de calcul. Ce mot, si utile et d’une vérité profonde, est sans doute ce qui peut être dit de mieux sur les nombres. Mais voici ce que Pythagore n’a point dit[1].

  1. Dans toutes les sectes, les disciples, ou beaucoup d’entre les disciples, sont moins grands hommes que leur maître. Ils défigurent sa pensée, surtout quand le fanatisme superstitieux ou l’ambition d’innover se joignent aux erreurs de l’esprit.
    Pythagore, ainsi que Jésus, n’a pas écrit : les successeurs, prétendus tels, de l’un et de l’autre, ont montré qu’ils sentaient tout l’avantage de cette circonstance.
    Considérons un moment le nombre comme Pythagore paraît l’avoir entendu.
    Si, d’un lieu élevé et qui domine une vaste étendue, on discerne dans la plaine, entre les hautes forêts, quelques-uns de ces êtres qui se soutiennent debout ; si l’on vient à se rappeler que les forêts sont abattues, que les fleuves sont dirigés, que les pyramides sont élevées, que la terre est changée par eux, on éprouve de l’étonnement. Le temps est leur grand moyen ; le temps est une série de nombres. Ce sont les nombres rassemblés ou successifs qui font tous les incidents, les vicissitudes, les combinaisons, toutes les œuvres individuelles de l’univers. La force, l’organisation, l’espace, l’ordre, la durée ne sont rien sans les nombres. Tous les moyens de la nature sont une suite des propriétés des nombres ; la réunion de ces moyens est la nature elle-même ; cette harmonie sans bornes est le principe infini par lequel tout ce qui existe existe ainsi : le génie de Pythagore vaut bien les esprits qui ne l’entendent pas.
    Pythagore paraît avoir dit que tout était fait selon les propriétés des nombres, mais non par leur vertu.
    Voyez, dans de Mysteriis numerorum par Bungo, ce que Porphyre, Nicomaque, etc., ont dit sur les nombres.
    Voyez Lois de Pythagore 2036,2038, etc., dans Voyages de Pythagore. On peut remarquer, en parcourant ce volume de l’ancienne sagesse, ces trois mille cinq cents sentences dites Lois de Pythagore, combien il y est peu question des nombres.