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Le stoïcisme eut aussi ses héros. Il les eut sans promesses éternelles, sans menaces infinies. Si un culte eût fait tant avec si peu, on en tirerait de belles preuves de son institution divine. A demain.




Examinez deux choses : si la religion n’est pas un des plus faibles moyens sur la classe qui reçoit ce qu’on appelle de l’éducation ; et s’il n’est pas absurde qu’il ne soit donné de l’éducation qu’à la dixième partie des hommes.

Quand on a dit que le stoïcien n’avait qu’une fausse vertu, parce qu’il ne prétendait pas à la vie éternelle, on a porté l’impudence du zèle à un excès rare.

C’est un exemple non moins curieux de l’absurdité où la fureur du dogme peut entraîner même un bon esprit, que ce mot du célèbre Tillotson : la véritable raison pour laquelle un homme est athée, c’est qu’il est méchant.

Je veux que les lois civiles se trouvent insuffisantes pour cette multitude que l’on ne forme pas, dont on ne s’inquiète pas, que l’on fait naître, et qu’on abandonne au hasard des affections ineptes et des habitudes crapuleuses. Cela prouve seulement qu’il n’y a que misère et confusion sous le calme apparent des vastes États ; que la politique, dans la véritable acception de ce mot, s’est absentée de notre terre, où la diplomatie, où l’administration financière font des pays florissants pour les poëmes, et gagnent des victoires pour les gazettes.

Je ne veux point discuter une question compliquée : que l’histoire prononce ! Mais n’est-il pas notoire que les terreurs de l’avenir ont retenu bien peu de gens disposés à n’être retenus par aucune autre chose ? Pour le reste des hommes, il est des freins plus naturels, plus directs, et dès lors plus puissants. Puisque l’homme avait reçu le sentiment de l’ordre, puisqu’il était dans sa nature, il