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cette organisation intérieure qu’il ne le serait d’avoir reçu un nez d’une belle forme. Il consumera ainsi ses heures en se traînant vers le mieux ; quelquefois d’un pas énergique quoique embarrassé ; plus souvent avec incertitude, avec un peu de faiblesse, avec le sourire du découragement.

Quand il est nécessaire d’opposer le mérite de l’homme à quelques autres mérites feints ou inutiles, par lesquels on prétend tout confondre et tout avilir, il dit que le premier mérite est l’imperturbable droiture de l’homme de bien, puisque c’est le plus certainement utile ; on lui répond qu’il est orgueilleux, et il rit. Il souffre les peines, il pardonne les torts domestiques ; on lui dit : Que ne faites-vous de plus grandes choses ? il rit. Ces grandes choses lui sont confiées ; il est accusé par les amis d’un traître, et condamné par celui qu’on trahit : il sourit, et s’en va. Les siens lui disent que c’est une injustice inouïe ; et il rit davantage.


DEUXIÈME FRAGMENT.
Sixième année.

Je ne suis pas surpris que la justesse des idées soit assez rare en morale. Les anciens, qui n’avaient pas l’expérience des siècles, ont plusieurs fois songé à mettre la destinée du cœur de l’homme entre les mains des sages. La politique moderne est plus profonde : elle a livré l’unique science aux prédicateurs, et à cette foule que les imprimeurs appellent hommes de lettres ; mais elle protège solennellement l’art de faire des fleurs en sucre, et l’invention des perruques d’une nouvelle forme.

Dès que l’on observe les peines d’une certaine classe d’hommes, et qu’on commence à en découvrir les causes,