Page:Senancour - Rêveries sur la nature primitive de l’homme, 1802.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 140 )


NEUVIÈME RÊVERIE.



Malgré le joug des lois et l’effort plus puissant de la morale, la terre est universellement affligée par les vices de l’homme et les erreurs perpétuées par ces vices[1] : on en a conclu que l’homme étoit né méchant ; d’autres ont dit, la nature ne peut avoir fait un être mauvais, et la dépravation de l’espèce ne peut se communiquer à l’individu avant sa naissance[2]. L’homme naît donc bon. Ces deux opinions ont pour base une

  1. Mais qui originairement ont seules produit les vices réels.
  2. Assertion très-hasardée : il paroît évident (surtout dans les espèces vivipares) que le petit doit participer aux altérations survenues à la nature de la mère. Si donc on pouvoit dire de l’homme qu’il naît méchant, cela ne prouveroit point que la nature l’ait fait tel.